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Rakissyaoba Rodrigue KABORE : Un homme aux multiples casquettes dans le cinéma burkinabè

Rakissyaoba Rodrigue KABORE « Rakiss » n’est plus à présenter dans l’univers cinématographique burkinabè tant il marque sa génération.

Directeur Général de PUB NEERE, une société de production, de distribution et d’exploitation, Coordonnateur du Groupe Nerwaya, Président de l’Association Professionnelle des Exploitants de salle de cinéma, il a fait ses preuves en tant que producteur, réalisateur, distributeur, exploitant, comédien à travers une diversité de projets.


Rakissyaoba Rodrigue KABORE
Producteur, distributeur, exploitant

Comment avez-vous fait pour être un acteur du cinéma au Burkina : exploitant, distributeur, réalisateur, producteur et même comédien au Burkina ?

Rakiss : Alors, c’est une très bonne question. Comment j’ai fait ? En tout cas, disons que c’est une destinée. Voilà, c’est beaucoup plus simple parce que, moi, les gens savent que j’ai plusieurs casquettes. En réalité c’est par la force des choses que je suis devenu exploitant. Mon père est entrepreneur en BTP, et à l’époque, le président Thomas SANKARA lui avait demandé de construire la salle Ciné Nerwaya. Après les travaux, ne parvenant pas à lui rembourser ses investissements, l’Etat lui a cédé l’exploitation de la salle pour récupérer son dû ; Voici comment la famille KABORE arrive dans l’exploitation cinématographique. Je suivais mon père dans ses activités d’exploitant de salle, et petit à petit, j’ai pris gout au métier. Ensuite quand, la SONACIB, la société d’Etat qui avait le monopole national de l’exploitation et de la distribution, a fait faillite, Il n’y avait plus une structure pour amener des films puisque c’est elle qui assurait la distribution. Alors nous n’avions pas le choix, soit nous fermions la salle ciné Nerwaya, soit nous devenions distributeur pour chercher des films à l’extérieur afin de continuer à alimenter la salle. Voilà comment je suis devenu distributeur ; Lorsque nous avons commencé à distribuer les films étaient en majorité américains, français et autres. Nous sommes rendus compte que les films africains, surtout les films burkinabè étaient beaucoup prisés. Malheureusement à l’époque il faut le reconnaître que la production n’était pas en quantité suffisante. C’est dans ce contexte et à la demande de certains acteurs dont les cinéphiles, que je me suis lancé dans la production, produisant mon premier film, Docteur Folie. Il faut dire que lorsque nous avons commencé à produire à l’époque, 2009, 2010, il n’y avait pas beaucoup de cascadeurs et moi j’avais eu la chance avec mon coréalisateur Michael KAMOUANGA d’avoir fait une formation en Europe en cascade. C’est ainsi que je me suis retrouvé à être acteur cascadeur. Mais en réalité, je voulais montrer aux comédiens comment il fallait faire, et finalement les collaborateurs sur le tournage ont trouvé que le faisais tellement qu’ils tout fait pour que je sois dans le film. C’est comme ça que je me suis retrouvé acteur également, donc comédien. Donc vous voyez comment je suis devenu producteur, réalisateur, comédien, toutes ces casquettes dans la chaine cinématographique.

Vous avez fait la réalisation, jeu d’acteur, production des films, comment avez-vous procédé ? Autodidacte, formation professionnelle ?

Rakiss : Ah là c’est vraiment, deux questions, on va dire piège, en même temps deux questions énormes. Il faut avouer que comme je l’ai dit tout à l’heure, moi j’ai été un autodidacte, j’ai tout appris sur le temps. Je n’ai malheureusement pas fait d’école de formation cinématographique qui allait me permettre d’avoir des b-a-b-a sur le scénario, sur la réalisation ou sur la production. J’ai vraiment appris sur le tas, avec l’expérience. J’avais une qualité connue pars plus d’un, c’est de savoir collaborer avec les autres. C’est ainsi que j’ai toujours cherché à associer les meilleurs à mes projets, notamment ceux qui ont de l’expérience et ceux qui ont fait les écoles de cinéma. Ainsi, j’ai pu avoir une diversité de compétences car en travaillant avec des personnes expérimentées, cela constitue indirectement une formation pour vous. J’ai bien sûr complété ses compétences grâce à Internet qui est une bibliothèque ouverte où se trouve les outils nécessaires à qui veut bien se former… »

Rakiss et des collaborateurs lors d’un tournage

Comment faire pour réussir à être un bon cinéaste au Burkina ?

Comment faire pour réussir à être un bon cinéaste ? une très bonne question parce que c’est quoi d’abord un bon cinéaste ? Est-ce qu’un bon cinéaste c’est celui qui présente que des films d’arts et scène ? Est-ce qu’un bon cinéaste c’est celui qui présente que des films qui sont populaire ?  Est-ce qu’un bon cinéaste, c’est celui qui fait des films avec une qualité irréprochable ? Ou bien c’est celui qui fait des films qui remplissent les salles de cinéma ?  Donc vous voyez ? Un bon cinéaste pour moi, c’est le public qui va juger. Voilà, c’est comme quand vous dites comment faire de bons films ? c’est le même problème. C’est quoi un bon film ? Parce que ce que vous, vous allez trouver de bon, quelqu’un va trouver que c’est complètement catastrophique, mauvais, donc du coup c’est un peu plus compliqué. Je pense que c’est plutôt trouver des cinéastes qui sont aimés dans des productions et qui font des œuvres qui sont appréciées par la majorité. Là on peut, peut-être en ce moment dire que on est un bon cinéaste ou on fait de bons produits. C’est bon parce que la majorité a beaucoup apprécié, sinon c’est un peu difficile.

Il y a beaucoup de jeunes qui veulent faire du cinéma, jouer ou apparaître simplement à la télé, au cinéma, être cameraman, ingénieur de son, monteur, caméra…quels conseils leur donnez vous ?

Rakiss : Ah oui, vous avez mis le doigt sur une triste réalité. Effectivement, c’est un problème que nous avons. Beaucoup apprécient notre milieu et ils veulent faire le cinéma. Mais beaucoup, c’est du m’as-tu vu ? Parce qu’ils se disent que en allant dans le domaine du cinéma ils peuvent avoir de la visibilité, devenir des stars, et en réalité ce n’est pas forcément ça. Voilà donc du coup, moi je pense qu’il faut d’abord avoir une passion. Ainsi face à des difficultés, tu pourras supporter, surmonter. Mais si tu viens dans le cinéma parce que X roule en voiture 4×4, ou Y acteur est beaucoup aimé, et toi tu veux la même chose, c’est sûr que tu vas te casser le pied ou le bec hein, ça c’est sûr. Moi je les conseillerais d’aller ver le métier qui les attire le plus et qui leur donne des sensations fortes. Si la caméra t’excite bien, si tu sens que c’est un endroit qui est correct pour toi, il n’y a pas de souci quoi. Mais, il faut la passion, il faut le courage, si tu veux être réalisateur, producteur et autre, Voilà !

Dans certains films le montage son, mixage, le jeu d’acteur, le scénario, ça ne va pas bien…. Qu’est-ce qu’il faut pour espérer améliorer cela au Burkina ?

Rakiss : Oui c’est comme je l’ai dit, pour le scénario, le son, etc. vous savez qu’on est passé au numérique aujourd’hui. Malheureusement ou heureusement selon l’option ou le milieu, avec un même téléphone, on peut faire un film rapidement. Mais est-ce que ça répond à toutes les normes ? Est-ce que ça répond aux qualités techniques ? Effectivement ça se ressent sur le produit fini. Moi généralement, ce que je conseille, c’est comme je l’ai dit, il faut être un réalisateur qui est ouvert, qui accepte les critiques et qui présente aussi son film à voir à des gens qui ont plus d’expérience, des gens qui ont fait l’école de cinéma, des gens qui ont participé à l’élaboration de deux, trois films et pour aussi prendre leur avis sur le sujet. Il ne faut pas rester dans son cocon, dire je connais, je connais, je fais comme ça c’est comme ça, moi je suis réalisateur, c’est ce que je veux qu’on va faire. Quand c’est comme ça, effectivement ça pose problème, parce qu’après vous avez du mal, voilà.  Sinon il faut avouer qu’on a pas mal de films où techniquement parlant, il y a quand même beaucoup à faire. Il faut continuer à conseiller un peu les gens par rapport à ce milieu et surtout aussi les assister.

Comment faire pour réussir à faire une bonne projection de film au Burkina ?

Rakiss : Comment faire, pour faire une bonne projection de film ? Je n’ai pas très bien compris la question. Je pense que vous voulez dire comment faire réussir la sortie d’un film ? Parce qu’une bonne projection c’est la partie technique, comment projeter ? Là il faut que l’exploitant ait le matériel qu’il faut, donc un appareil DCP soit Haute définition, pour pouvoir faire ressortir toutes les gymnastiques que le réalisateur a eu à faire pour plaire et séduire le cinéphile. Je pense que si c’est dans ce sens-là, c’est ce qu’il faut faire. Maintenant comment faire réussir sa projection, ça demande effectivement une promotion. Il faut déjà dès la conception du film, faire la promotion du film. Commencer à utiliser les réseaux sociaux, utiliser également les pubs traditionnels que nous faisons, c’est-à-dire télé, radio, aussi d’utiliser les acteurs du film, faire une grande première, c’est important. Cela permet aussi à la presse d’être en contact avec justement les acteurs concernés, le réalisateur, le producteur, être en contact aussi avec les différents partenaires. Cela peut vous faire une bonne projection de profil. Aussi, essayer de vendre, de faire des préventes de tickets. Voilà ! On peut utiliser les partenaires qui viennent payer des tickets ainsi de suite..

Avec le coût des bons acteurs, le manque d’argent, de financement ? Les bons techniciens …Quels stratégies pour tourner au Burkina ?

Rakiss : Vous voulez connaître ma stratégie ? Vous votre stratégie c’est quoi ? Chacun a sa stratégie justement ? Je pense que ça dépend de chaque structure de production. Les approches sont différentes.  Nous, nous essayons d’être francs et direct avec les techniciens du film. Nous les rencontrons premièrement pour leur expliquer que le film est à petit budget. Deuxièmement, nous leur faisons des propositions de contrat et nous prenons l’engagement que le film sera déclaré au BBDA, pour que certains puissent bénéficier des droits voisins. Ça c’est déjà un atout. Et puis, il faut savoir être franc, direct et convaincant de sorte à créer la proximité avec les techniciens, les acteurs. Il faut aussi arriver à les séduire par le projet et leur laisser percevoir les pistes d’une collaboration pérenne en leur présentant des projets futurs. Cela peut être une stratégie payante. Vous commencerez à fidéliser votre équipe technique, vous commencerez aussi à fidéliser une certaine clientèle. Dès qu’ils entendront que c’est un film de l’Inspecteur Rock, ils voudront voir ce que vous avez fabriqué cette fois-ci ? ou que c’est un film de Rodrigue, ils viendront voir si les gens affluent.

Le FESPACO 2025 est là, avez-vous des projets ? Des activités ?

Rakiss : Avec le FESPACO c’est une grande aubaine pour nous, parce que c’est des moments où nous pouvons effectivement être en contact avec certaines personnalités du monde du cinéma africain et burkinabé en particulier. C’est un moment que nous souhaitons ne pas rater, parce qu’on envisage également pendant cette période vendre nos films, distribuer nos films, exploiter nos films et également en acquérir, signer des contrats. En tant que distributeur, c’est sûr qu’il y a d’autres producteurs ou réalisateurs également qui seront là avec des œuvres, nous allons leur proposer aussi des contrats.

Par exemple nous savons que ROCK qui a un film documentaire, nous pouvons l’approcher pour voir dans quel cadre nous pouvons exploiter son film, cela peut être à des buts éducatifs. On peut organiser une matinée spéciale spécifique pour cela et vendre les tickets à des partenaires spécifiques, des cibles bien précises qui vont venir. Voilà un exemple que je donne, c’est pour dire qu’au FESPACO nous aurons toutes ces opportunités et il ne faut pas les rater.  L’activité principale c’est comme j’ai dit, c’est de vendre et d’acheter.

Avez-vous un dernier mot ?

Rakiss : Qu’est-ce que je peux donner comme dernier mot, si ce n’est de vous encourager ? Je trouve que c’est une belle initiative. C’est également de dire à ceux qui expérimentent, ceux qui souhaitent venir dans notre domaine, il faut venir avec la passion.  Dès que vous avez la patience, il faut aussi accepter être humble dans notre milieu, parce que la roue tourne et dès que vous arrivez en tout cas à appréhender ces qualités-là, vous allez voir qu’à la longue vous allez vous en sortir. Je souhaite une très belle et bonne fête de FESPACO à tous.

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